Fraude à l’identité :
quand l’intelligence artificielle révolutionne les techniques criminelles

L’évolution des techniques de fraude à l’identité bouleverse le paysage de la sécurité numérique. Alors que les entreprises des secteurs bancaire et financier renforcent leurs systèmes de vérification d’identité en ligne, les fraudeurs exploitent massivement l’intelligence artificielle. Cette révolution technologique, marquée par une explosion des deepfakes (+700% au niveau mondial) et l’émergence de documents synthétiques, représente un défi majeur pour les entreprises et leurs assurances.
La falsification numérique domine la fraude documentaire
La création de comptes en ligne dans les banques et organismes de trading s’est démocratisée, impliquant une vérification d’identité par internet. Les fraudeurs, qui souhaitent donner une fausse identité pour anonymiser leurs activités illégales, falsifient désormais majoritairement des documents numériques plutôt que des documents physiques.
Selon un rapport d’Entrust, spécialisée dans l’authentification numérique, la falsification numérique représente désormais 57,5% des cas de fraude aux documents d’identité, contre 32,3% pour la contrefaçon physique. La falsification numérique consiste à produire une version modifiée d’un vrai document d’identité. La contrefaçon numérique pure ne pèse plus que 6,1% des cas de fraude, témoignant de l’évolution vers des techniques plus sophistiquées.
L’explosion mondiale des deepfakes pour contourner la biométrie
Face au renforcement des contrôles, les entreprises ont développé des outils d’identification biométrique permettant de vérifier qu’une personne derrière un compte est bien celle présente sur la pièce d’identité fournie. Cette vérification nécessite souvent de se filmer avec la caméra de son ordinateur ou téléphone portable pour effectuer une comparaison automatique.
Les fraudeurs ont rapidement adapté leurs méthodes. Dans 40,8% des cas, ils utilisent des deepfakes pour duper le système d’authentification biométrique selon l’étude d’Entrust. À l’aide d’algorithmes, ils modifient numériquement leur visage pour se faire passer pour quelqu’un d’autre. Pour injecter une vidéo deepfake, les fraudeurs remplacent généralement une caméra matérielle par un logiciel leur permettant d’utiliser n’importe quelle source.
Les données de Sumsub révèlent une explosion des tentatives de fraude par deepfakes de 700% au niveau mondial entre 2024 et 2025. Cette augmentation touche particulièrement :
- L’Asie-Pacifique : +1100% avec des pics à Hong Kong (+1900%) et Singapour (+1500%)
- L’Amérique du Nord : +1100% avec le Canada particulièrement ciblé (+3400%)
- L’Europe : +900% avec la France (+700%), le Royaume-Uni (+900%) et l’Allemagne (+1100%)
Ce phénomène reste limité aux pays industrialisés. Il demeure très faible au Moyen-Orient (+3%), en Afrique (+1%) et en Amérique du Sud (+2%), en raison des infrastructures technologiques locales qui n’offrent pas encore la puissance de calcul nécessaire.
La menace dominante des documents synthétiques
Parallèlement aux deepfakes, la fraude aux documents synthétiques devient la menace dominante. Cette technique consiste à créer des documents d’identité à l’aide de l’intelligence artificielle générative, encouragée par l’accès de plus en plus répandu à ces outils.
En Europe, l’Allemagne affiche une augmentation de 566% des documents synthétiques entre 2024 et 2025. En France, l’augmentation atteint 281%. Grâce à des outils d’IA comme ChatGPT et les générateurs d’images, les fraudeurs peuvent désormais générer des documents d’identité très réalistes, souvent indétectables par les systèmes de contrôle traditionnels.
Les fraudeurs ont de plus en plus recours à la création d’identités synthétiques. Au lieu de voler l’identité d’une personne, ils combinent différentes informations personnelles (nom, prénom, date de naissance) en mélangeant le vrai et le faux pour créer une nouvelle identité fictive. Ces identités synthétiques peuvent être créées :
- En modifiant marginalement certaines informations, comme la date de naissance sur un permis de conduire
- En associant de vraies informations personnelles à une pièce d’identité fabriquée frauduleusement
- Avec des fausses identités fabriquées de A à Z, incluant une photo d’identité générée par intelligence artificielle
Impact sectoriel : des disparités importantes
L’analyse sectorielle révèle des variations significatives. En Europe, le secteur du e-commerce enregistre une augmentation de 176% des tentatives de fraude entre 2024 et 2025. Le secteur EdTech connaît également une forte augmentation de 129%. Le secteur des crypto-actifs affiche une hausse de 84%, tandis que la FinTech se limite à +26%.
Selon l’étude Signicat menée auprès de 900 responsables européens dans 9 pays, les entreprises estiment que 19% de toutes les transactions sont frauduleuses. Ce taux représenterait 22% du chiffre d’affaires annuel impacté par la fraude.
59% des entreprises déclarent que les tentatives de fraude à l’identité ont augmenté par rapport à l’année précédente. Paradoxalement, 47% des entreprises ne font pas de contrôle interne cohérent sur la fraude et 55% ne mesurent pas l’impact de la fraude sur leur activité.
Les méthodes de détection et de prévention
Pour se prémunir de ces méthodes de fraude, le rapport d’Entrust recommande plusieurs pistes. Il conseille d’abord aux entreprises de réellement connaître leurs clients en utilisant une procédure de vérification d’identité, établissant un premier filtre. La stratégie de prévention doit couvrir tout le cycle de vie du consommateur, avec des vérifications lors des moments à haut risque à l’aide de technologies biométriques.
Spécifiquement pour détecter les deepfakes, trois méthodes émergent :
- Rechercher des signaux d’activités suspectes au média envoyé par l’utilisateur ou à son média proxy
- Rendre obligatoire une capture biométrique en temps réel nécessitant une interaction dynamique pour analyser le contenu vidéo et détecter des anomalies dans les mouvements du visage
- Utiliser l’IA pour détecter les deepfakes, combattant le feu par le feu
90% des organisations utilisent désormais l’intelligence artificielle pour se défendre et anticiper les menaces émergentes. Cependant, 79% des entreprises constatent que lorsqu’elles bloquent une tactique frauduleuse, les criminels la contournent aussitôt, créant une bataille permanente nécessitant une adaptation constante.
L’explosion des techniques de fraude utilisant l’intelligence artificielle crée de nouveaux risques que les solutions d’assurance traditionnelles ne couvrent pas toujours. Les deepfakes et documents synthétiques représentent des menaces en perpétuelle évolution nécessitant une expertise spécialisée.
Chez les Assurances Castérot Thal, nous comprenons ces enjeux technologiques émergents. Face à une augmentation de 700% des deepfakes et à des techniques de fraude de plus en plus sophistiquées, nous adaptons nos solutions pour protéger efficacement nos clients contre ces nouvelles menaces.
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